Ah mais alors voilà, j'en étais à mon deuxième collège, après en avoir quitté un premier où ça se passait pas bien. Et ce deuxième collège, c'était Chopin, à Nancy, et c'était quand même cool. Sauf que un jour, avec des copains, on a voulu faire un journal, vu qu'on écrivait de tas de textes qui nous faisaient bien marrer. La madame du CDI nous a vachement aidé, et ça c'était cool. Et là, d'un coup, le principal se ramène et fait son petit chantage: un rappel du règlement intérieur en dernière page ou ça sort pas. Ah le sale bougre. C'est d'un autre côté, parmi bien d'autres, grâce à lui que j'ai compris que l'Institution, la hiérarchie, la citoyenneté bon teint, le vote en démocratie représentative, et la fidélité aux "bons maîtres", faut pas faire confiance, que la liberté collective c'était autre chose. Si ça se trouve en fait, il a fait un geste pédagogique anarchiste. Va savoir. En tous cas, je m'en souviens bien. Pour ce qui est de "Chopinews", la réception, eut égard entre autres à cette page de rappel du règlement, fut mauvaise, et comme on était de tout manière bien dégoûtés, il n'y eut qu'un numéro très fadasse, voire nase, d'autant que plusieurs de nos textes un peu fun avaient été gentiment éconduits par nos bons amis les adultes, et qu'on s'était laissé embringuer naïvment dans le concept du sponsoring via les pubs en première page et des places de concert à gagner. Note qu'au départ ça devait être un recueil de textes humoristiques ou pas. Ah, la presse aux ordres... enfin, j'dis ça, j'dis rien. Loin de moi l'idée de faire tout parallèle scabreux avec quoi que ce soit d'actuel.
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